mardi 5 mai 2009

Bye Bye Bassorah


chiisme

ou shiisme
nom masculin
Courant de l'islam né, au VIIe s. de notre ère, du schisme des partisans d'Ali à propos de la désignation du successeur du Prophète.
Ensemble doctrinal commun aux musulmans qui se réclament de ce courant. (Larousse)




Le 30 Avril dernier, l'armée britannique a rendu officiellement le contrôle de la ville de Bassorah au gouvernement Irakien, et retiré ses 4.000 soldats encore présents. Elle a ainsi mis fin à 6 ans de présence en Irak, avec un bilan pour le moins mitigé.
Bien sur, les généraux se congratulent les uns les autres pour le travail accompli et le sentiment de partir sur un franc succès. Pour le général Tom Beckett, commandant de la 20e brigade blindée, "Nous sommes tristes de quitter nos amis irakiens, mais nous quittons ce pays avec le sentiment du devoir accompli. Nous partons la tête haute".
Si le devoir était de renverser la dictature de Saddam Hussein, c'est certes réussi. Ce fut également une réussite exemplaire de désintégration complète d'un pays, et de déclenchement d'une interminable guerre civile et confessionnelle. Par contre, si l'objectif était de découvrir des WMD, on peut parler d'échec retentissant, mais aussi de manipulation de l'opinion publique, de propagande et d'agression injustifiée contre un état souverain. Les amis Irakiens vous remercient, soyez-en surs...

En ce qui concerne la ville même de Bassorah, le bilan est un des plus calamiteux de tout l'Irak, et la gestion britannique fut particulièrement discutable.
Après les élections organisées en 2005, qui ont vu les fondamentalistes chiites remporter la plupart des sièges, les tensions avec les sunnites, minoritaires dans la région, se sont aggravés et la guerre civile intensifiée.
Alors que les infrastructures et les routes étaient toujours en ruine, que l'argent de l'aide internationale était détourné avec une constance remarquable, et que la ville était en proie à des combats quotidiens, les Britanniques laissèrent le contrôle de la ville aux autorités locales le 3 septembre 2007 et abandonnèrent le palais de Bassorah pour se réfugier quelques kilomètres à l'Ouest, dans l'aéroport transformé en Contigency Operating Base, ou COB. Ce COB fut par la suite la cible de tirs de roquettes quotidiens, alors que les combats entre la police, l'armée et les différentes milices continuait de plus belle.

Et c'est seulement après l'opération "Charge of the Knights" menée le 25 Mars 2008 par les forces Irakiennes et US (le Pentagone a un goût certain pour la mise en scène hollywoodienne...) que la situation fut à nouveau sous contrôle. Ce recours au grand frère américain pour stabiliser la seule province dont ils avaient la charge est un aveu de l'échec de la stratégie britannique en Irak.

Aujourd'hui, à Bassorah comme dans les autres provinces d'Irak, le nombre de combats, attentats et morts violent a diminué de manière drastique, même si on ne peut pas dire que le pays soit complètement pacifié : le 3 mai, un homme a tué 2 militaires américains a Mossoul, et Mercredi 29 Avril, 48 personnes ont été tués dans une série d'attentats à Bagdad.

Le bilan humain pour l'arest non négligeable, avec 179 tués et des milliers de blessés (le chiffre exact porte encore à débat).


Source : Casualty Monitor

Si on se tourne vers l'avenir, on peut s'interroger sur le sort de la province de Al-Basra si Barack Obama tient sa promesse et retire les troupes US en 2011 selon le calendrier prévu.
Car cette région représente l'intérêt stratégique énorme de constituer le seul accès à la mer de tout l'Irak, et qui contrôlera Bassorah contrôlera le transport de tout le pétrole produit dans le pays. Les milices chiites se remettront-elles en guerre ? L'Iran tentera-t-il de s'imposer? Le gouvernement central de Bagdad parviendra-t-il à y maintenir son autorité ? Rien n'est moins sur.