jeudi 26 mars 2009

Les Cartels Mexicains plongent le pays dans la guerre civile

ma·qui·la·do·ra
n.
An assembly plant in Mexico, especially one along the border between the United States and Mexico, to which foreign materials and parts are shipped and from which the finished product is returned to the original market.

nar·co·traf·fick·ing
n.
The smuggling and distribution of illegal drugs.

Le Mexique, 14è économie mondiale, 11è pays le plus peuplé, pays le plus "riche" d'Amérique latine, et également principal partenaire commercial des États-Unis, plonge chaque jour un peu plus dans la guerre civile. Non pas à cause de troubles politiques, d'insurrections populaires, de guerres ethniques entre autres causes habituelles, mais à cause des cartels de narcotrafiquants.

Ces cartels se disputent le contrôle du trafic de cocaïne et de marijuana à destination du marché américain. Ils ont connu une très forte expansion dans les années 1990 après avoir conclu de fructueux accords avec les cartels Colombiens, producteurs et distributeurs "historiques" de cocaïne, afin d'acheminer celle-ci par voie de terre à travers le Mexique. D'après les spécialistes, l'explosion de violence actuelle serait due à des conflits entre des Cartels en perte de vitesse, comme celui de Tijuana, face à la croissance très rapide de cartels plus jeunes, comme le Cartel de Sinaloa de 'El Chapo' Guzman.

Pour la seule année 2008, on compte 5.360 morts liés au trafic de drogue, principalement des trafiquants et membres de gangs, mais également des civils. C'est plus que le nombre total de soldats US tués en Irak à ce jour. Le gouvernement mexicain annonce plan sur plan sans paraître capable de maîtriser la situation. Il faut dire que la corruption par les cartels des fonctionnaires et forces de police complique fortement la tache du pouvoir central de Mexico City.

Ciudad Juarez, à la frontière avec la ville texane d'El Paso, est devenue une des villes comptant le plus d'homicides au monde, au cotés de Johannesbourg et Baghdad. A l'origine de ce macabre record, une guerre très violente entre le cartel de Sinaloa et celui de Juarez, "la Linea".

(Ciudad Juarez est également tristement célèbre pour les meurtres non résolus de plus de 400 femmes, vraisemblablement tués par le ou les mêmes assassins depuis 1993, qui n'ont toujours pas été arrêtés, et ce dans la quasi indifférence générale. Il faut dire aussi que la plupart des victimes sont des maquiladoritas, des ouvrières pauvres.)

Radio France International consacre un dossier à cette guerre des gangs, et donne quelques détails assez frappants du chaos qui règne l`-bas.
L’avenue du Triomphe de la République, la principale artère de la ville, a été rebaptisée par les habitants l’avenue du Triomphe des Narcos, à cause des multiples fusillades qui se sont déroulées à quelques centaines de mètres du commissariat principal. Les cartels n’hésitent pas à signer leurs forfaits du nom de leur chef, ou à laisser ce que l’on appelle des « narco-messages » qui accompagnent la tête décapitée de leurs victimes.

Cette situation délétère ne manque pas d'inquieter les autorités des deux cotés de la frontière. Hier, Hillary Clinton, nouveau secretaire d'Etat US, était hier en visite au Mexique, et a évoqué en termes fort peu diplomatiques la situation.

Du New York Times :
“Our insatiable demand for illegal drugs fuels the drug trade,” Mrs. Clinton said, using unusually blunt language. “Our inability to prevent weapons from being illegally smuggled across the border to arm these criminals causes the deaths of police officers, soldiers and civilians.
Entendre un représentant d'un gouvernement reconnaître que c'est la demande des pays riches qui est à l'origine du problème, c'est un progrès remarquable. Mais voyons si cette prise de position courageuse va etre accompagnée de décisions concrètes.
Mrs. Clinton’s remarks were coupled with a pledge that the administration would seek $80 million from Congress to provide Mexican authorities with three Black Hawk helicopters to help the police track drug runners.
Ils font ça depuis des années en Colombie, ça n'a pas empêché la production de cocaïne de continuer et les Cartels de proliferer... D'un autre côté ça permet de vendre des Black Hawk, c'est toujours ça de pris.
“We’ve got to figure out how to stop these bad guys,” she said. “These criminals are outgunning the law enforcement officials.”
Aïe, on retombe dans la rhétorique good guy/bad guy. L'article vaut le détour, c'est un parfait exemple du blocage idéologique des gouvernements. Ils ne comprennent pas que la prohibition des drogues, comme la prohibition de l'alcool en son temps, est un terreau fertile pour les organisations criminelles, qui s'enrichissent énormément (El Chapo Guzman, chef du Cartel de Sinaloa, est meme classé 701è fortune mondiale au palmarès Forbes), puis tentent d'influencer ou de confisquer le pouvoir politique, tout en terrorisant la population. Il n'y a aucun moyen d'arrêter ce phénomène une fois qu'il a atteint un certain point. Et quand les conflits entre gangs rivaux sont qualifiés de Mexican Drug War, on est en droit de penser que ce point est atteint..

La seule solution pour réduire l'influence des organisations criminelles comme les Narcos est de stopper la politique hypocrite de prohibition.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire